Je partage dans cet article un extrait de mon mémoire de master en art-thérapie à Paris 8 en 2014 dont le titre est: « Image du corps et image de soi en art-thérapie« . Je voulais montrer comment l’image de soi se symbolise par une image du corps c’est à dire par la perception subjective du corps qui exprime une histoire.
Comme dans un feuilleton vous pourrez suivre quelques séance d’art-thérapie avec des analyses d’images produites par une même personne pendant les séances. Ces interprétations prennent sens dans un contexte global sur le long terme qui est le processus de la thérapie: les comportements de la personne, les échanges psychanalytiques, les émotions ressenties par la personne pendant les séances, la comparaison avec les autres images.
Séance 1 : le rêve
Dans l’atelier F me raconte un rêve qu’elle a noté sur son petit carnet et dont elle a fait plusieurs croquis : dans ce rêve elle plane dans les airs et s’envole dans la lumière. Elle ressent une grande impression de bien-être et de libération. Ici F me révèle son désir de « se lâcher » comme elle l’avait déjà exprimé dans les cours de peinture, elle désire une peinture gestuelle avec les mouvements du corps libres, affranchis du poids de toute contrainte. On voit que le plaisir et la liberté du corps sont en jeu dans ce rêve.
Elle choisit un croquis qui illustre bien cela et le dessine en grand format .Le dessin terminé, nous en parlons. Elle dit qu’elle n’arrive pas à se laisser aller dans ce dessin, elle reste « bloquée » et ne peut pas exprimer cette impression de vol et de liberté. En effet son dessin est compartimenté avec des formes plutôt raides et géométriques qui n’expriment pas la fluidité et la liberté mais le contraire. Je note une forme en éclair au milieu de la feuille assez agressive et qui coupe le dessin en deux. Je lui demande de continuer de noter et dessiner ses rêves pour la prochaine séance.
Image 1 : F. 10 février 2012. Sans titre. Pastel sec. 30 x 45 cm
la domination sexuelle des femmes: encore aujourd’hui
J’ai écrit cet article pour l’association Osez le Féminisme ou nous menons une réflexion sur la sexualité aujourd’hui dans le but d’aider les femmes à sortir de la domination sexuelle masculine. Depuis les années 70 , cette domination à cédé un peu de terrain sur le plan social mais peu sur le plan sexuel ou la femme reste souvent esclave des pratiques sexuelles masculines notamment dans la dévalorisation de ce qu’on appelle « les préliminaires ».
Et malheureusement quand elle réussit à s’émanciper c’est souvent pour copier la sexualité masculine en adoptant une sexualité phallique. Là encore elle n’affirme rien de la spécificité du désir et du plaisir féminin.
L’enjeu de cette libération sexuelle qui n’a pas encore eu suffisamment lieu est énorme car si la femme affirme la spécificité de sa sexualité , elle cesse d’être l’objet de la jouissance masculine pour devenir sujet de sa sexualité. Elle cesse d’être objet à tous points de vue: sexuel, affectif, social, professionnel car elle ne veut plus « faire comme » lui impose l’homme mais juste différemment.
Séance d’art-thérapie: autoportrait de femme
Dévalorisation des préliminaires et survalorisation du coït
Les préliminaires désignent couramment les pratiques
sexuelles qui précèdent l’acte sexuel proprement dit : la pénétration. Comme si
la sexualité se réduisait à la pénétration . Quelles pratiques exactement ?
Il s’agit de baisers, de caresses sur tout le corps, y compris sur le sexe, de cunnilingus, de
fellation, du contact peau contre peau, du fait de se serrer l’un contre
l’autre. Ce sont des gestes ou la tendresse rentre souvent en ligne de compte
avec les sons, les odeurs, les mots échangés. Dans les préliminaires c’est
toute notre sensualité qui est en jeu.
Le mot de « préliminaires » indique ce qui arrive avant, ce qui prépare à l’acte sexuel mais ne fait pas vraiment partie de l’acte sexuel. Ces pratiques sont donc considérées comme moins importantes que la pénétration qui serait la finalité même de l’acte sexuel, son apogée. Elles sont considérées comme un préalable dont on peut se passer.
Le coït serait plus important que les préliminaires parce qu’il serait censé procurer le maximum de jouissance à l’homme comme à la femme.
D’où vient cette idée que c’est dans le coït que l’homme et la femme jouissent le plus ?
Sans doute de l’idée très ancienne que le plaisir sexuel a
pour but la reproduction. Car c’est par la pénétration du pénis dans le vagin
que peut avoir lieu la fécondation c’est-à-dire la fusion de l’ovule et du
spermatozoïde et donc la conception d’un enfant . Ainsi pour Freud et pour
bon nombre de religions aujourd’hui la finalité du plaisir sexuel c’est la
reproduction. Comme si la nature avait créé le plaisir sexuel dans le seul but
de la reproduction. Le plaisir sexuel n’est admis que dans le cadre de la
reproduction.
Les préliminaires sont donc dévalorisés dans notre société car ils sont censés apporter moins de plaisir aux deux sexes que le coït. Pour cette raison, les préliminaires sont souvent très rapides entre hommes et femmes parce qu’il faudrait vite passer « aux choses sérieuses ».
Le peu de temps accordé aux préliminaires satisfait t-il les deux sexes ? La réponse est non. Les femmes se plaignent très souvent du peu d’attention tendre et érotique de leurs partenaires masculins, celui-ci voulant très vite passer à la pénétration et semblant s’ennuyer dans les caresses et les baisers. Les femmes se plaignent de ne pas être assez excitées pour la pénétration et prennent alors peu de plaisir dans le coït . Pourquoi ?
Parce que le plaisir sexuel féminin est très différent du plaisir sexuel masculin.
Les femmes pour jouir ont besoin de douceur, de caresses sur tout le corps, de contact peau à peau, de gestes doux et lents car elles jouissent surtout par le toucher. Pour elles la pénétration par le pénis est un plaisir de toucher parmi d’autres, une pénétration parmis d’autres. Pour jouir une femme n’a pas forcément besoin de coït, contrairement à l’homme qui a besoin de la pénétration pour jouir c’est-à-dire pour éjaculer. Si l’homme peut apprécier les préliminaires il devient vite obsédé par l’idée du coït qui permettra ce mouvement de bas en haut sous la pression du vagin et ensuite de l’éjaculation.
Ainsi lorsqu’on dit que le maximum de plaisir est atteint par
la pénétration pour l’homme comme pour la femme on parle essentiellement du
plaisir masculin et on fait comme si le plaisir féminin été identique ! On
impose aux femmes un mode de jouissance masculine qui permet aux hommes de
maintenir leur domination sexuelle en niant la spécificité du plaisir féminin.
Il est donc faux de dire que les préliminaires sont moins
valables pour le plaisir que le coït. Cette assertion ne concerne que les
hommes qui veulent faire croire aux femmes que le coït est aussi pour elle la
meilleure façon d’avoir un orgasme. Ils peuvent ainsi continuer à jouir tel
qu’ils le souhaitent, en toute bonne conscience, mais pas les femmes.
Pour une femme croire que seul compte la pénétration, c’est renoncer à son plaisir spécifiquement féminin en essayant de jouir comme un homme. Mais ça ne marche pas !
La femme-objet
Sauf dans le cas d’une sexualité perverse ou la domination
masculine a été intériorisée sous la forme du masochisme : il s’agira alors pour la femme de jouir en tant
qu’objet passif soumis à toutes sortes de pénétrations avec violences. C’est la
sexualité des films pornographiques ou il s’agit d’une sexualité sans
préliminaires c’est à dire d’une sexualité sur le modèle d’une jouissance
uniquement phallique.
Essayer de jouir comme un homme mène souvent la femme à la frigidité. Ainsi beaucoup de femmes
disent avoir peu désir et peu de plaisir. La frigidité des femmes vient du fait
qu’elles ne connaissent pas les spécificités de leur sensualité par ce qu’elles
se laissent imposer des fantasmes, des gestes, des pratiques propres à la
libido masculine.
Les hommes ignorent aussi ce qui fait plaisir aux femmes,
croyant comme elles que c’est forcément par le coït qu’elles atteindront
l’orgasme. Cette survalorisation du coït permet aux hommes de continuer à
pratiquer leur sexualité sans tenir compte du plaisir féminin autre , tout en
assurant en même temps le culte du phallus et le culte du sperme dans la
reproduction. Car c’est le phallus qui a le primat de l’activité dans le coït,
la femme étant priée de se laisser « prendre ». En effet le vagin est
essentiellement vu dans le coït comme une gaine passive dans laquelle s’affaire
le pénis . Par la survalorisation du coît
l’homme se rassure donc sur sa virilité, la pénétration par le pénis
étant croit-il le seul moyen pour la femme d’obtenir la jouissance. La virilité
est ici la capacité à donner du plaisir en même temps que la capacité de procréer.
Le sexe de la femme est vu comme un réceptacle passif au sexe de l’homme seul réellement actif dans le fait de « donner
du plaisir » et de « faire des enfants ».
Si le coït est survalorisé, les « préliminaires » sont donc dévalorisés. Si la jouissance masculine est valorisée, la jouissance féminine est dévalorisée depuis des siècles ; d’où le terme de « préliminaires » désignant ce qui dans la pratique sexuelle est anecdotique et négligeable. Mais anecdotique pour qui ? Certainement pas pour les femmes. Car les baisers, le peau à peau, les caresses y compris sexuelles, sont au contraire les pratiques les plus importantes du plaisir féminin qui souvent ne dissocie pas tendresse et sexualité. Tous ces gestes tendres et érotiques font au contraire partie intégrante de la sexualité humaine , la pénétration n’étant qu’un geste parmis d’autres.
la pornographie
Mais les hommes ont souvent tendance à dissocier tendresse et sexualité pour affirmer un pouvoir viril, y compris entre hommes. Il s’agit de « posséder » le corps de l’autre par la pénétration sexuelle et visuelle. Ainsi les films pornographiques montrent-ils toujours des pénétrations en gros plan. Ils sont faits pour la jouissance masculine et non pour la jouissance féminine. Dans les scénarios des films pornographiques, il n’y a pas de préliminaires ou très peu. On passe très vite à la pénétration. Les femmes sont alors censées jouir tout de suite des qu’elle sont introduites par l’organe masculin entrant par tous les trous. Elles passent de mains en mains comme des objets. Ce statut d’objet passif, objet d’échange entre hommes est quelque chose qu’on retrouve aujourd’hui sur les sites pornographiques en accès libre sur Internet. Ces films sont visionnés par de nombreux adolescents et adolescentes qui prennent cela comme le modèle de la sexualité adulte. Que voit- on ? Des femmes manipulées, tournées, pénétrées dans tous les sens par des hommes et avec brutalité.
Il est étonnant de voir les rubriques de ces sites pornographiques. Par exemple : « petite salope se fait baiser par trois mecs ». Ces titres sont toujours sur le mode passif, autrement dit c’est toujours la femme qui est l’objet de jouissance de l’homme. Le sujet est toujours masculin et l’objet est toujours féminin.
Lorsqu’on va dans la
rubrique partie trois, ou à plusieurs, effectivement on a toujours deux hommes
qui manipulent une femme ; jamais l’inverse. La femme « se fait
baiser par l’homme » ou par « les hommes » et jamais l’inverse.
D’autre part les scènes sexuelles se font toujours avec violence. On assiste
donc au rapport sexuel sur le modèle du viol.
Les sites pornographiques correspondent en fait aux fantasmes masculins de domination sexuelle très valorisants pour le pénis. Mais en réalité les femmes jouissent plus par un toucher sur tout le corps que par un plaisir d’organe précis. Et lorsqu’elles ont du plaisir, elles ferment les yeux ; pas besoin de films ni d’images.
Sans doute s’agit- il aussi d’un phénomène culturel, l’homme se devant toujours de dominer et de ne pas se laisser attendrir. La femme devant se laisser soumettre et émouvoir. Et sans doute les hommes gagneraient-ils à redécouvrir cette partie de leur sensualité complètement refoulée ; celle des caresses, des baisers, de la tendresse, de la lenteur. Mais lorsqu’il se laissent aller à cette sensualité ils ont l’impression d’être une femme , quelle angoisse !
la femme doit devenir sujet sexuel
Les femmes ne doivent donc plus
accepter ce terme de « préliminaires » qui nie la spécificité de leur
jouissance pour mieux les asservir. Elles doivent inventer un autre mot pour
ces pratiques.. Car la lenteur, la douceur, les baisers, les caresses sur tout
le corps sont au contraire pour leur jouissance ce qu’il y a de plus important.
Elles doivent revendiquer leur droit au plaisir et imposer aux hommes ce temps
sensuel et érotique nécessaire à leur jouissance, c’est-à-dire devenir un sujet sexuel .Elles doivent refuser de
croire à leur frigidité qui permet aux hommes de les traiter si facilement en
objet puisque de toute façon « elles ne ressentent rien » .
Dans Ce Sexe qui n’ en Est pas Un, la psychanalyste , philosophe et linguiste Luce Irigaray a été une des premières à dénoncer la violence sexuelle banale des hommes envers les femmes. Cette violence étant inscrite dans la sexualité « de tous les jours » ou la femme abdique son droit au plaisir en renonçant à la spécificité de sa jouissance .
C’est dans la scène pornographique que se montre au grand jour la femme comme objet sexuel : « Femmes, ne faite plus un effort. On vous a appris que vous étiez propriété privée ou publique : d’un homme ou de tous. D’une famille, d’une tribu, d’un état, éventuellement républicain. Que tel était votre plaisir. Et que sans soumission aux désirs- d’un homme ou de tous- vous ne connaissiez pas de jouissance. Que celle-ci était pour vous , toujours liée à la douleur- mais que telle était votre nature. Lui désobéir revenant à faire votre malheur.
Mais votre nature était curieusement toujours définie par les seuls hommes, vos éternels pédagogues : en sciences sociales, religieuses ou sexuelles. » Ce sexe qui ’en est pas un, éditions de Minuit, 1977, p201.
Je propose une psychothérapie psychanalytique , c’ est une psychanalyse mais non pas au sens orthodoxe c’est à dire que nous sommes assis en face à face, mais parfois vous pouvez aussi être allongé et fermer les yeux, la fréquence des séances est en général d’une fois par semaine, la durée des séances est en général de 2h mais peut varier (par exemple 3/4 d’heure pour une séance de psychanalyse seule). Vous pouvez faire une psychanalyse sans art-thérapie.
En ceci je me réfère à Carl Rogers Le Développement de la Personneet la « thérapie centrée sur la personne ». Carl Rogers était aussi sensible à la créativité naturelle de l‘ être humain qui lui permet de changer. Il faudrait également que je cite Ferenczi, Winnicott, Karen Horney, Françoise Dolto..
Qu’est ce que le transfert?
Cette relation humaine chaleureuse ne doit pas empêcher la distance nécessaire dont doit faire preuve le psychanalyste pour aider l’ analysant à réaliser un « transfert« . Freud parlait de »neutralité » mais je préfèrerais le mot « distance » . Car je ne pense pas que la neutralité du psychanalyste soit possible ni même souhaitable comme je l’ai expliqué . En effet le psychanalyste travaille avec ce qu’il est, son histoire, son affectivité, ses projections. Tout ceci se nomme: le contre-transfert du psychanalyste.
Mais revenons au patient ou « analysant »: Le transfert est le fait de revivre une situation relationnelle souvent difficile en projetant sur le psychanalyste la figure de personnes problématiques; par exemple un père ou une mère. Ces problèmes vont ainsi se « rejouer » comme au théâtre dans le cadre de la cure, c’est à dire dans un espace sécurisant ou l’issu pourra être plus positive. L analysant pour ainsi interpréter et comprendre ce qui se passe dans le transfert, ce qui se répète dans sa relation à l’ analyste et dans sa relation aux autres. Le transfert peut se réaliser dans la mesure ou une distance est maintenue entre le psychanalyste et l ‘analysant. Cette distance est créée par » le cadre » posé ; par exemple le fait que cette relation s’établisse en dehors du quotidien dans un lieu consacré à la thérapie, le fait que je me réfère au cadre conceptuel et pratique de la psychanalyse, le fait qu’ayant moi même fait une longue analyse je peux prendre du recul par rapport à mes projections c est à dire mon contre-transfert. Cette distance permet à l’ analyste de ne pas trop s’investir affectivement pour pouvoir garder le recul suffisant dans la relation d’aide. C’est pourquoi un psychanalyste peut être efficace pour aider son patient alors qu’il ne le sera pas forcément pour aider un proche.
Psychanalyse et art -thérapie
Quand la psychanalyse est intégrée à l’ art-thérapie certaines séances sont uniquement des séances d’analyse par ce que vous ressentez le besoin de parler plus que de créer. D’autres au contraire seront plus centrées sur la création.
Le moment de création ou d’art-thérapie est toujours encadré par la psychanalyse. En effet au début de la séance il y a un temps d’analyse ou je vous propose de dire » tout ce qui vous passe par la tête » sans réfléchir ni juger. C’est la règle de l’ association libre mise au point par Freud. Le patient lâche prise et son inconscient peut commencer à s’exprimer. Je vous renvoie au texte de Freud : La Technique Psychanalytique.
Ensuite arrive le moment de création: vous allez peindre, dessiner, modeler. Là nous ne parlons pas. Quand vous jugez que ce temps de création est terminé, alors l’ analyse reprend et je vous aide à interpréter ce que vous avez ressenti en créant: quelles sensations? Quelles émotions ? A quel vécu tout ceci vous renvoie ? A quel moment de votre histoire?
Nous avons parlé du transfert. Dans le transfert se rejoue une relation en grande partie inconsciente .Par ce que trop douloureuse, cette relation a été « oubliée ». Dans l’ analyse et dans l’acte de création, cette relation s’exprime et nous pouvons l’ analyser. Par exemple si vous avez du mal à peindre peut être que cela vous renvoie à un père trop autoritaire qui vous interdisait de donner libre cours à votre imagination sans culpabiliser?
D’autre part ce visage que vous avez peint , à qui vous fait il penser?
On voit donc que si le transfert se matérialise dans la relation avec le psychanalyste il se matérialise aussi dans l’oeuvre et dans le processus de création.
Séance psychanalyse et art-thérapie avec Cécile Orsoni. Une femme d’age mur fait son autoportrait en adolescente
Comment interpréter l’oeuvre créée?
Nous analysons l’oeuvre produite toujours avec la technique de l’association libre: a quoi vous renvoient ces formes, ces couleurs, ce format ? Il s’agit d’une interprétation symbolique de l’oeuvre que vous analysez comme vous le feriez pour l’image du rêve. A ce sujet je renvoie à l’ouvrage d’ Otto Rank, l’ Art et l’ Artiste.
Le psychanalyste OttoRank, élève de Freud, montra qu’on pouvait interpréter les oeuvres d’art exactement comme les images du rêve par ce qu’il s’agit du même langage plastique symbolique.
Dans l’image du rêve comme dans la création il y a deux niveaux d’interprétation symboliqe: l ‘interprétation archétypale et l’interprétation personnelle. Pour comprendre la signification d’une image ou d’une oeuvre il faut croiser ces deux interprétations.
Un symbole a une dimension universelle commune à toutes les cultures et une dimension personnelle propre à l’individu. Par exemple le feu est un symbole archétypal universel mais il sera aussi chargé d’un sens personnel: si quelqu’un a faille mourir dans un incendie ce symbole du feu prendra un tout autre sens que pour une personne dont le feu représente la cheminée rassurante des grands parents.
Je me réfère également au psychanalyste Carl Gustav Jung qui mit au point la technique de l’imagination active et la notion d’ archétypes présents dans les rêve et dans les oeuvres d’art .
Nous citerons Jung: « Ainsi, le pur phantasme se marie à un élément de réalité. C’est là une acquisition de valeur inestimable, c’est un germe d’indépendance, une transition vers la maturité psychologique ».
C.G Jung, Psychologie et Poésie
La peinture ou le dessin matéralise le vécu de la personne . Les oeuvres crées deviennent comme autant d’images de soi qu’on a sous les yeux et qui sont donc une trace perenne de se qui s’est passé pour vous durant les séances. Votre vécu devient un objet concret que vous pouvez ressortir, regarder et interpréter autant que vous le souhaitez et autant que nécessaire.
Cette matérialisation du vécu oblige le patient à prendre en compte l’histoire qui s’exprime dans la création . D’un coté l’oeuvre permet de mettre à distance le vécu, de le déposer hors de soi donc de s’en séparer . Mais l’objet oblige aussi à le regarder, vous ne pouvez pas l’ignorer et ignorer que c’est vous qui avez dessiné cela.
la création comme un espace de jeu, l’oeuvre comme objet transitionnel
Cette notion d’objet transitionnel a été inventée par le psychanalyste anglais Winnicott. Dans Jeu et Réalité, Winnicott dit que le très jeune enfant fait l’ expérience de son rapport au monde en jouant. Avec cet objet qu’est le jouet, il réalise son désir et s’aperçoit qu’il a du pouvoir sur le monde extérieur . La mère l’aide à manipuler l’objet pour en faire ce qu’il veut et donc crée les conditions pour que le jeu soit plaisant et que l’enfant prenne confiance en lui et ses capacités à réaliser son désir.
Dans la séance d’art-thérapie et de psychanalyse, la création fonctionne comme un jouet et le thérapeute prend la place de la mère. Le patient se rend compte qu’il peut réaliser son désir dans la création et retrouve ainsi une énergie positive.
Séance de psychanalyse, hypnose et art-thérapie cabinet Cécile Orsoni 2018
Je voudrais ici rendre hommage au psychanalyste Wilhelm Reich :
« Toute impulsion psychique est fonctionnellement identique à une excitation somatique définie. ..L’excitation psychique est identique à l’excitation somatique.» in La Fonction de l’ Orgasme, Arche, p 272
L’art-thérapie est une thérapie psycho-corporelle
Lors des séances d’art-thérapie et psychanalyse que je propose, je constate que la création artistique en faisant appel aux sens est une thérapie psycho-corporelle. Le dispositif que je propose prends en compte les mouvements du corps ( position dans l’espace, attitude corporelle, gestes ..) et induit un maximum de contact sensoriel par exemple peindre au sol les mains dans la peinture. L’idée est de sortir le corps de ses habitudes pour remettre en circulation une énergie bloquée qui se fige dans le corps et le psychisme.
Le dispositif corporel varie en fonction de la problématique du patient.
L’énergie qui circule à nouveau fait remonter des souvenirs, des émotions, des images, des affects. L’art-thérapie réveille une mémoire somato-psychique. . Il n’est pas rare que des douleurs par exemple un mal de ventre se réveille.. ou disparaisse.
L’hypnose assouplit les défenses psycho-somatiques
A ce stade de la séance j’ aimerais pouvoir proposer d’intervenir directement sur le corps et ses symptômes . C’est ce que Wilhelm Reich proposait à ses patients : traiter le corps en même temps que l’ esprit. Il pouvait proposer des exercices de respiration , relaxation, massages .
Dans cette approche corporelle je propose parfois à la personne de faire un exercice de relaxation profonde par la respiration et l’hypnose. Cette relaxation assouplit les défenses psychiques en même temps que physiques c’est à dire les tensions dans le corps et permet une prise de conscience de sensations qui fonctionnent comme une mémoire. La personne peut alors voyager plus facilement dans son inconscient et son ressenti en partant de ses sensations corporelles. Elle prend alors conscience de l’inconscient somatique. Ce travail peut intervenir à tout moment de la séance en fonction des besoins de la personne.
Peindre, modeler, dessiner
La création, par exemple la peinture produite, est une mise en image symbolique de cette expérience. L’ oeuvre produite: peinture, modelage , dessin permet de fixer et d’objectiver l’expérience émotionnelle et corporelle . Elle représente une mémoire du corps et appelle à la création d’autres images.
l’expression par l’image est plus spontanée que l’ expression verbale: « ça sort » directement.
Interpréter, associer avec la psychanalyse
Avec la psychanalyse on peut ensuite mettre des mots : il s’agit de verbaliser. Quand le temps de création ou d’hypnose est terminé je demande à la personne de mettre des mots sur ce qu’elle ressent au niveau corporel et émotionnel, la psychanalyse intervient ici. Il s’agit de mettre en relation le vécu présent avec le passé par exemple des souvenirs de situations vécues dans l’enfance; voire des souvenirs de vie foetale comme sur la photo.
La psychanalyse permet de ré-intégrer le vécu émotionnel au niveau conscient et ainsi de clore l’expérience vécue pendant la séance: avec ses mots le patient se « recadre » et peut repartir ré-unifié et rassuré.
Il est vrai que Freud en son temps a du lever beaucoup de tabous sur la sexualité ne serait-ce que la seule possibilité d’en parler.
Pour un homme européen du 19e siècle les « pulsionssexuelles » n’existent pas ; elles sont bonnes pour les animaux. Il est d’ailleurs impensable que l’enfant symbole de pureté et d’innocence puisse avoir une sexualité . Ce qui qualifie et fait la valeur d’un homme au contraire c’est la pensée rationnelle et non la sensualité.
Or Freud a montre que l’homme est mu par une energiesexuelle qui n’est pas seulement physique mais psychique et qu’ il a nommé : la libido. Quel scandale de dire que la sexualité est un phénomène de l’esprit! la libido est en grande partie inconsciente. Il s’agit de cette énergie qui nous pousse aimer des objets extérieurs à nous-mêmes qui peuvent être d’autres personnes mais aussi par exemple des objets d’études comme une passion scientifique, artistique ou encore un sport. Dans ces derniers cas où la sexualité n’est pas directement en jeu on dira que la libido est « sublimee. »
On voit donc que la libido n’est pas uniqument sexuelle car elle désigne l’ energîevitale qui nous pousse à investir le monde extérieur et a y trouver du plaisir. En ce sens il est faux de dire que la psychanalyse rammène tout au sexe parce qu’on confond alors activité proprement sexuelle et « libido ».
Lorsque vous êtes déprimé vous n’avez plus envie de rien faire : votre libido se désinvestit des personnes et des activités habituellement aimees. Vous vous repliez alors sur vous-même. Ce repli peut-être tres dangereux , notamment chez les personnes âgées .