Pour une psychanalyse féministe

Je suis pour une psychanalyse féministe.

Si vous êtes un homme, ne vous inquiétez pas : il ne s’agit pas d’une psychanalyse contre les hommes. Il s’agit de donner à chacun sa place en dehors de toute logique de domination.

Comment ne pas relayer dans la cure psychanalytique la dévalorisation des femmes ?

Depuis des années je reçois des femmes de tous âges qui souffrent d’une dévalorisation de leur sexe. J’essaye dans ma pratique de psychanalyste et d’art-thérapeute de les aider à se donner estime de soi , autonomie ,  liberté par rapport au système patriarcal encore dominant . Il ne s’agit pas d’une psychanalyse féministe qui pousserait les femmes contre les hommes mais qui tenterait de donner à chacun sa place à partir de nouveaux critères hors de toute logique de domination.

Le féminisme est plus que d’actualité. Il suffit de penser aux mouvements comme Me too.. ou Balances ton Porc , au Consentement le livre de Vanessa Springora.

Comment permette à la femme qui souffre de trouver et de créer sa place de femme à l’intérieur même du dispositif psychanalytique ?

Je ne suis pas d’accord avec la théorie freudienne de la sexualité féminine et de l’identité féminine. Je ne suis pas non plus d’accord avec la notion du Phallus selon Lacan. Je m’interroge aussi sur la « neutralité » du psychanalyste : ne jamais parler de soi n’est-ce pas rester dans une situation de pouvoir trop importante par rapport à la personne qui se livre? Ne pourrait-on pas  parler de son contre-transfert de temps à autre comme le faisait Ferenczi ? Y aurait-il une façon de mener la cure, un langage à créer, un type d’écoute qui permettrait aux femmes de s’affirmer comme telles ? De sortir d’un discours psychanalytique patriarcal? Pour ces questions je renvoie aux recherches remarquables de Luce Irigaray.

Il ne s’agit pas d’exclure les hommes  : je reçois des hommes autant que des femmes . Les hommes souffrent aussi de ces rôles qu’ils ont à jouer pour ne pas perdre leur « virilité » du moins celle définie par le patriarcat : la dureté, le fait d’être insensible et donc fort . Il ne s’agit pas non plus de désigner les hommes comme des ennemis à abattre par ce que les valeurs patriarcales sont aussi relayées par des femmes, des mères qui éduquent leurs enfants dans ce sens depuis des générations.

Mais en 2023 l’exploitation et l’appropriation va toujours dans le même sens : celle des femmes par les hommes. C’est donc  la souffrance des femmes qui est d’abord à prendre en compte . Ainsi la femme continue-t-elle de perdre son nom dans le mariage pour revêtir celui de son mari. À travail égal  les femmes sont moins payées que les hommes, elles ont moins de droits que les hommes.

« Par ce que je le vaux bien »

La femme s’autorise rarement à vivre pour elle en dehors des soins esthétiques comme le dit si bien la publicité L’Oréal: « Parce que je le vaux bien » . Elle vaut bien d’avoir une belle coiffure…. mais c’est tout!

Beaucoup de femmes ne savent pas prendre du temps pour elles par ce qu’elles ont alors le sentiment d’une perte de temps. Ce sentiment vient de l’idée qu’elles ne méritent pas d’intérêt ni d’égard particulier par ce qu’elles sont persuadées de leur non valeur:  » Oh moi ce n’ est pas grave.. » « Moi ce n’ ‘est pas grave » si je ne jouis pas, si je suis fatiguée, si je gagne moins d’argent que mon collègue, si je mange la plus petite part du repas. Sexuellement et socialement elle n’a toujours vécu qu’en fonction des autres, les hommes.

Malgré des changements positifs allant vers l’ émancipation des femmes en France ( droit de vote en 1944, légalisation de l’ avortement en 1975 , de la contraception en 1967 ); il n’ en reste pas moins que dans notre société, la valeur suprême pour une femme c’est d’être mère. Alors quand les enfants partent du foyer familial, elle se sent moins que rien et sombre dans la dépression. Habituée à vivre pour ses enfants et son mari, elle ne sait pas vivre pour elle. Ayant peu d’existence sociale et professionnelle ou un travail à mi temps mal payé, elle n’ arrive pas à compenser suffisamment ce vide.

Quand à la reconnaissance d’une sexualité féminine à part entière il reste encore beaucoup à faire et à dire sachant que l’ anatomie complète du clitoris n’est découvert qu’en 2016 et présent dans les manuels scolaires en France en 2017. A qui profite cet impasse sur l’ organe sexuel essentiel du plaisir féminin ?

Le phallocentrisme de Freud et de Lacan dénoncé par Luce Irigaray et Antoinette Fouque

La psychanalyste , philosophe et linguiste  Luce Irigaray  a soulevé le problème du  phallocentrisme de la psychanalyse. Elle s’interroge  sur les conditions d’une psychanalyse qui ne relayerait pas la domination masculine mais permettrait à la femme d’exister en tant que telle.  Dans Spéculum de L’autre Femme  (1974) et dans Ce Sexe Qui N’en Est Pas Un (1977) elle montre que pour Freud et pour Lacan « la femme n’existe pas ». Elle remettait ainsi en question le pouvoir patriarcal dominant au sein même de la psychanalyse, à commencer par celui de Lacan. Ce qui lui valut d’être exclue par celui-ci de l’Ecole Freudienne et de l’université Paris-VIII où elle enseignait. Quelle plus belle preuve pouvait elle obtenir de la véracité de son discours ?

Je renvoie aussi à l’oeuvre d’ Antoinette Fouque.

La petite fille est un petit garçon raté

Pour Freud nous dit-elle, la petite fille n’est jamais qu’un petit garçon « manqué » car par exemple le clitoris est un petit pénis raté. Tout le développement de sa féminité n’aura pour seul but que de pallier à cette infériorité : compenser symboliquement le manque de pénis soit en ayant un enfant soit en tentant de ressembler à un homme en tant que lesbienne soit en devenant l’esclave indispensable de l’homme dans le mariage.

Ainsi pour Freud la femme n’a pas de valeur propre Elle n’a de valeur que dans sa relation à un homme d’où l’obsession encore actuelle des femmes pour se trouver un mari et donc une valeur sociale. La prime de valeur ajoutée c’est d’avoir des enfants de son mari et si possible des garçons. De même la femme n’a pas de sexualité propre puisqu’elle est un garçon en moins bien et que selon Freud il n’y a de libido que masculine. ( cf Sigmund Freud La Féminité ) Dès lors la seule sexualité qui lui reste c’est de s’approprier la virilité en se soumettant aux désirs de l’homme et par ce biais en lui devenant esclave indispensable, de considérer son sexe et tout son corps uniquement comme écrin indispensable au pénis- Roi

D’ailleurs pour Freud devenir une femme « normale », c’est-à-dire une « vraie » femme c’est pour la petite fille se détourner de sa mère pour tourner tout son amour vers le père ce qui permet la réalisation du complexe d’OEdipe et sa résolution dans le fait de se tourner vers un homme autre que le père à l’ adolescence. Le mari devient alors le substitut de père pour la femme et la femme le substitut de mère pour l’homme. Dans tous les cas comme l’a dit Lacan : « la femme n’ existe pas ».

« L’humanité » de l’homme vient de l’homme,  pas de la femme

Pour Lacan « le Phallus » symbolise la culture, la loi bref tout ce qui a une valeur proprement humaine et qui promeut l’enfant au statut d’être humain social. Ainsi le père est celui qui sépare l’enfant de la fusion avec la mère, fusion qui risquerait de le rendre définitivement inapte au devenir humain social, qui le ferait sombrer dans la psychose c’est-à-dire l’indifférenciation d’avec la mère. Pourquoi la culture ne serait elle pas symbolisée par « la vulve » ? Parce que la femme est toujours du côté de la « nature » , elle n’est jamais vue que comme une mère -terre reproductrice, matrice, nourricière qui comble les besoins premiers de l’enfant mais ne le promeut certainement pas à la culture. La femme ne transmet pas la culture à l’enfant, ceci reste l’apanage de l’homme. Pour devenir un adulte humain, fille ou garçon, doivent se séparer de la mère comme on jette un placenta à la poubelle et s’élever vers les hautes sphères sociales et intellectuelles en oubliant corps, sensibilité et affects.

La femme -enfant-mère

En effet elle n’existe pour son mari et aux yeux de la société que comme mère de son mari  et de ses enfants ou comme enfant de son mari. D’où les innombrables clichés de « la femme enfant », dépendante financièrement, capricieuse, pas très futée, mais tellement mignonne et toujours jolie. La Bimbo ! En effet comment peut elle se valoriser en dehors de la séduction physique ? La seule chose que l’homme lui demande c’est d’ être toujours apprêtée et jolie pour lui plaire et ainsi se valoriser lui de ce bel objet sexuel auprès des autres hommes: « Sois belle et tais toi »;

D’ailleurs la sainte vierge dans la religion chrétienne n’est jamais vue comme femme ayant une sexualité proprement féminine, mais uniquement comme mère du Christ et vierge de toute relation sexuelle. De ce fait elle est l’emblème même du patriarcat : elle n’ a de valeur et d’existence qu’en tant que mère du christ ( un garçon ) ou comme propriété de Dieu ( un garçon). Elle appartient au père  en tant qu’enfant puisqu’elle reste vierge ou elle appartient au fils en tant que mère.

Psychanalyste et féministe: lancement du livre d’ OLF pour une sexualité féministe épanouie

Psychanalyste et féministe: lancement du livre d’ OLF pour une sexualité féministe épanouie

Mardi 14 septembre 2021 : lancement du nouveau livre d’ OLF: Petit Guide pour une Sexualité Féministe et Epanouie.

En tant que psychanalyste et féministe je remets en question la conception de la sexualité féminine qui est celle de la psychanalyse et je milite dans le groupe libération des sexualités ou nous avons co-écrit ce guide qui sera tres utile à lire aussi pour ces messieurs.

Venez féter ce lancement avec nous ! J’ai participé à la rédaction de ce guide qui déconstruit les clichés patriarcaux sur la sexualité féminine, notamment dans la survalorisation de la pénétration et la dévalorisation des préliminaires qui est en fait une dévalorisation de la sensualité féminine tout court pour mieux asservir sexuellement les femmes.

Psychanalyste et féministe: nous ne sommes pas le continent noir !

Freud parlait de la sexualité féminine comme du continent noir de la psychanalyse avouant ainsi sa méconnaissance mais aussi une peur d’aller y voir par ce que cette chose obscure fait peur, on peut s’y engloutir. De plus le noir renvoie à la saleté, à l’étrange au repoussant. Lacan continuera dans cette idée qu’on ne peut rien savoir de la jouissance féminine si ce n’est qu’elle n’est pas uniquement phallique. Elle restera définie par la négative: ce qui n’est pas la jouissance masculine. Comme s’il ne pouvait y avoir aucune libido, aucun désir, aucune jouissance autre que phallique. Pour Freud comme pour Lacan la sexualité féminine est un ersatz de sexualité masculine, le sexe féminin un sexe masculin châtré.

On peut être psychanalyste et féministe à condition de remettre en question la conception freudienne et lacanienne de la sexualité comme l’ont fait Luce Irigaray et Antoinette Fouque déjà dans les années 1970.

Une psychanalyse féministe, sur les traces de Luce Irigaray

Bref comme l’a écrit la psychanalyste Luce Irigaray dans Ce sexe qui n’en est pas un; le sexe et la sexualité féminine ne sont pas reconnus par la psychanalyse. Des lors il s’agit pour moi de pouvoir proposer aux femmes une psychanalyse féministe c’est à dire une psychanalyse qui ne les mène pas à la dévalorisation de leur sensualité et de leur sexualité mais qui au contraire leur permet d’affirmer la spécificité de leur jouissance, c’est à dire de leur plaisir spécifique de femme dans un rapport au monde en général. Ce qui déborde le cadre de la seule sexualité.

La sexualité féminine existe, nous l’ avons rencontrée ! Elle n’est plus noire mais lumineuse, elle se dit , se parle , s’écrit.

Ce livre a été écrit par Les Frangines, le collectif de libération des sexualités d’Osez le Féminisme

Celui-ci s’appelle “Petit guide pour une sexualité féministe et épanouie” et on est très heureuses de vous le présenter : il sera disponible en librairie dès le 16 septembre

Ce petit guide, c’est avant tout un projet collaboratif que nous avons peaufiné avec sororité et bienveillance pour un résultat qu’on adore : un guide ultra complet, destiné à toutes les premières fois, qui aborde énormément de sujets autour des sexualités des filles et des femmes. Anatomie, désir, mythes du prince charmant ou du bon coup, IVG, réappropriation de nos corps… Le tout agrémenté de multiples illustrations originales féministes signées Anne Bilows.

La soirée de lancement

la soirée : présentation de l’ouvrage, rencontre avec les autrices, vente et séance de dédicaces des livres. Vous pouvez acheter le livre directement sur place en espèces, CB ou chèques, ou en pré-vente lors de la réservation de votre place pour l’événement sur le lien d’inscription !
Ventes de goodies et autres surprises sont également à prévoir !
Tout cela en profitant des snacks et boissons que le Hasard Ludique propose bien sûr 

On vous attend nombreuses et nombreux ! 

 Quand : à 19h30

 Où : le Hasard Ludique, lieu culturel hybride, Paris 18
Comment : prix libre, sur inscription !   Informations et inscription Hello Asso Évènement Facebook de la soirée

Soirée de lancement du livre d'OLF petit guide pour une sexualité féministe et épanouie mardi 14 septembre 2021 au Hasard Ludique
      Rendez-vous à la soirée de lancement du tout nouveau livre d’Osez le Féminisme !     Le 14 septembre à 19h30 au Hasard Ludique, Paris 18 ! 🎉

Psychanalyse intégrative et art thérapie : une psychothérapie ouverte

Psychanalyse intégrative et art thérapie : une psychothérapie ouverte

Les séances de psychanalyse intégrative et art-thérapie reprennent

Dans la psychanalyse intégrative que je propose je me réfère aussi bien de Freud que de Jung, Winnicott, Reich, Carl Rogers ou Luce Irigaray. L’idée est de ne pas s’enfermer dans une théorie mais de voir comment les unes s’enrichissent des autres afin de mettre au point une psychothérapie qui puisse prendre en compte la complexité des situations de chacune et chacun.


Une psychothérapie personnalisée.

J’adapte le cadre à la problématique de chaque personne afin que la psychothérapie soit la plus personnalisée possible. C’est vous qui me guidez dans ce que je peux proposer. En fonction de ce que nous sentons être bon pour vous je peux vous proposer d’allier à la psychanalyse l’art thérapie (peinture, modelage), le théâtre, l’hypnose ou une psychothérapie corporelle. La souplesse du cadre nous permet de cibler ce qui vous permettra d’aller mieux en restant toujours attentif au changement dans le processus de votre psychothérapie.
Je suis soucieuse de ne pas plaquer sur vous un cadre rigide qui ne vous correspondra pas.

les séances d’art thérapie sont complémentaires des séances de  psychanalyse.

  • La création par la peinture, le dessin, modelage vous permet de retrouver l’expression symbolique de l’enfant que vous étiez, l’art thérapie vous permet à nouveau de jouer sans crainte d’être jugé c’est-à-dire sans résultat attendu.
  • Avec la psychanalyse vous pouvez interpréter ce moment de création, mettre des mots sur ce que votre inconscient a exprimé en images.
  • les images de vos rêves seront pour nous de précieux alliés par cette découverte de vous-même. La psychanalyse permettra de comprendre ce que vous dit votre inconscient et de le voir comme un guide positif.
art-thérapie en petit groupe lors d'un stage d'art-thérapie et psychanalyse avec Cécile Orsoni
Séance d’art-thérapie et psychanalyse en petit groupe avec Cécile Orsoni , stage juillet 2018

Du nouveau pour cette rentrée : des séances de théâtre et psychanalyse en petits groupes.

Je vous propose de nous retrouver régulièrement en petits groupes ( 8 persones maximum) pour faire du théâtre. Ces séances de psychodrame permettront à chacun de jouer des scènes conflictuelles de sa vie pour en résoudre quelque chose grâce à l’appui du groupe. Vous retrouverez la joie de faire  « comme si ». Vous arrêterez de vous culpabiliser en prenant conscience que vous n’êtes pas seuls, que d’autres partagent un vécu similaire. En jouant ces scènes vous vous rendrez compte que vous pouvez changer vos relations avec les autres.

Plus que jamais nous avons besoins de recréer du lien entre nous.

Après cette période de COVID les groupes ont éclatés. 
Nous avons besoin de retrouver de vraies relations humaines en petit comité intime et non d’innombrables amitiés virtuelles. La relation humaine nécessite la présence des corps, le mouvement dans un espace-temps matériel partagé. Le théâtre engage cette communication non verbale qui permet d’exprimer des émotions, de les ressentir et d’en parler.

Je préfère parler de « théâtre et psychanalyse » car le mot de « psychodrame » me paraît trop « dramatique », recouvrant l’aspect ludique et joyeux qui consiste à jouer un rôle. Aucune formation théâtrale n’est nécessaire, il suffit de retrouver son âme d’enfant.

Je vous souhaite une rentrée sous le signe du lien !

Déroulement des séances de psychothérapie par le theâtre.

Les séances de théâtre et psychanalyse en petits groupes auront lieu trois heures tous les deux mois. Il m’arrivera aussi de vous proposer si vous le souhaitez des séances de land art -thérapie. Pour les personnes qui suivent déjà des séances individuelles de psychanalyse intégrative et art-thérapie, les séances de groupe sont complémentaires. En individuel vous pouvez creuser votre problématique personnelle et lors des séances de groupe vous comprendrez l’aspect social de votre vécu c’est-à-dire le fait qu’il soit partagé par d’autres. 

Tarifs des séances psychanalyse et art-thérapie en petits groupes.

Par « art-thérapie « j’entends essentiellement théâtre et psychanalyse et parfois land-art et psychanalyse.

Tarif des séances : 150 € par personne.

Tarif réduit pour les personnes suivant déjà des séances individuelles d’art thérapie et de psychanalyse : 80 € par personne.

Nous fixerons ensemble le calendrier lors de la première séance de groupe.

Première séance de théâtre et psychanalyse : samedi 16 octobre 2021 de 10 à 13 heures.

Inscriptions et renseignements par téléphone avant le 6 octobre auprès de Cécile Orsoni 06 78 73 94 48.

Je suis membre praticien de la Société Française de Psychanalyse Intégrative

la domination sexuelle des femmes: encore aujourd’hui

la domination sexuelle des femmes: encore aujourd’hui

J’ai écrit cet article pour l’association Osez le Féminisme ou nous menons une réflexion sur la sexualité aujourd’hui dans le but d’aider les femmes à sortir de la domination sexuelle masculine. Depuis les années 70 , cette domination à cédé un peu de terrain sur le plan social mais peu sur le plan sexuel ou la femme reste souvent esclave des pratiques sexuelles masculines notamment dans la dévalorisation de ce qu’on appelle « les préliminaires ».

Et malheureusement quand elle réussit à s’émanciper c’est souvent pour copier la sexualité masculine en adoptant une sexualité phallique. Là encore elle n’affirme rien de la spécificité du désir et du plaisir féminin.

L’enjeu de cette libération sexuelle qui n’a pas encore eu suffisamment lieu est énorme car si la femme affirme la spécificité de sa sexualité , elle cesse d’être l’objet de la jouissance masculine pour devenir sujet de sa sexualité. Elle cesse d’être objet à tous points de vue: sexuel, affectif, social, professionnel car elle ne veut plus « faire comme » lui impose l’homme mais juste différemment.

séance d'art-thérapie et de psychanalyse Versailles 78 Cécile Orsoni
Séance d’art-thérapie: autoportrait de femme

Dévalorisation des préliminaires et survalorisation du coït

Les préliminaires désignent couramment les pratiques sexuelles qui précèdent l’acte sexuel proprement dit : la pénétration. Comme si la sexualité se réduisait à la pénétration . Quelles pratiques exactement ?

Il s’agit de baisers, de caresses sur tout le corps,  y compris sur le sexe, de cunnilingus, de fellation, du contact peau contre peau, du fait de se serrer l’un contre l’autre. Ce sont des gestes ou la tendresse rentre souvent en ligne de compte avec les sons, les odeurs, les mots échangés. Dans les préliminaires c’est toute notre sensualité qui est en jeu.

Le mot de « préliminaires » indique ce qui arrive avant, ce qui prépare à l’acte sexuel mais ne fait pas vraiment partie de l’acte sexuel. Ces pratiques sont donc considérées comme moins importantes que la pénétration qui serait la finalité même de l’acte sexuel, son apogée. Elles sont considérées comme un préalable dont on peut se passer.

Le coït  serait plus important que les préliminaires parce qu’il serait censé procurer le maximum de jouissance à l’homme comme à la femme.

D’où vient cette idée que c’est dans le coït que l’homme et la femme jouissent le plus ?

Sans doute de l’idée très ancienne que le plaisir sexuel a pour but la reproduction. Car c’est par la pénétration du pénis dans le vagin que peut avoir lieu la fécondation c’est-à-dire la fusion de l’ovule et du spermatozoïde et donc la conception d’un enfant . Ainsi pour Freud et pour bon nombre de religions aujourd’hui la finalité du plaisir sexuel c’est la reproduction. Comme si la nature avait créé le plaisir sexuel dans le seul but de la reproduction. Le plaisir sexuel n’est admis que dans le cadre de la reproduction.

Les préliminaires sont donc dévalorisés dans notre société car ils sont censés apporter moins de plaisir aux deux sexes que le coït. Pour cette raison, les préliminaires sont souvent très rapides entre hommes et femmes parce qu’il faudrait vite passer « aux choses sérieuses ».

Le peu de temps accordé aux préliminaires satisfait t-il les deux sexes ? La réponse est non. Les femmes se plaignent très souvent du peu d’attention tendre et érotique de leurs partenaires masculins, celui-ci voulant très vite passer à la pénétration et semblant s’ennuyer dans les caresses et les baisers. Les femmes se plaignent de ne pas être assez excitées pour la pénétration et prennent alors peu de plaisir dans le coït . Pourquoi ?

Parce que le plaisir sexuel féminin est très différent du plaisir sexuel masculin.

Les femmes pour jouir ont besoin de douceur, de caresses sur tout le corps, de contact peau à peau, de gestes doux et lents car elles jouissent surtout par le toucher.  Pour elles la pénétration par le pénis est un plaisir de toucher parmi d’autres, une pénétration parmis d’autres. Pour jouir une femme n’a pas forcément besoin de coït, contrairement à l’homme qui a besoin de la pénétration pour jouir c’est-à-dire pour éjaculer. Si l’homme peut apprécier les préliminaires il devient vite obsédé par l’idée du coït qui permettra  ce mouvement de bas en haut sous la pression du vagin et ensuite de l’éjaculation.

Ainsi lorsqu’on dit que le maximum de plaisir est atteint par la pénétration pour l’homme comme pour la femme on parle essentiellement du plaisir masculin et on fait comme si le plaisir féminin été identique ! On impose aux femmes un mode de jouissance masculine qui permet aux hommes de maintenir leur domination sexuelle en niant la spécificité du plaisir féminin.

Il est donc faux de dire que les préliminaires sont moins valables pour le plaisir que le coït. Cette assertion ne concerne que les hommes qui veulent faire croire aux femmes que le coït est aussi pour elle la meilleure façon d’avoir un orgasme. Ils peuvent ainsi continuer à jouir tel qu’ils le souhaitent, en toute bonne conscience, mais pas les femmes.

Pour une femme croire que seul compte la pénétration, c’est renoncer à son plaisir spécifiquement féminin en essayant de jouir comme un homme. Mais ça ne marche pas !

La femme-objet

Sauf dans le cas d’une sexualité perverse ou la domination masculine a été intériorisée sous la forme du masochisme : il s’agira alors pour la femme de jouir en tant qu’objet passif soumis à toutes sortes de pénétrations avec violences. C’est la sexualité des films pornographiques ou il s’agit d’une sexualité sans préliminaires c’est à dire d’une sexualité sur le modèle d’une jouissance uniquement phallique.

Essayer de jouir comme un homme mène souvent la femme à la frigidité. Ainsi beaucoup de femmes disent avoir peu désir et peu de plaisir. La frigidité des femmes vient du fait qu’elles ne connaissent pas les spécificités de leur sensualité par ce qu’elles se laissent imposer des fantasmes, des gestes, des pratiques propres à la libido masculine.

Les hommes ignorent aussi ce qui fait plaisir aux femmes, croyant comme elles que c’est forcément par le coït qu’elles atteindront l’orgasme. Cette survalorisation du coït permet aux hommes de continuer à pratiquer leur sexualité sans tenir compte du plaisir féminin autre , tout en assurant en même temps le culte du phallus et le culte du sperme dans la reproduction. Car c’est le phallus qui a le primat de l’activité dans le coït, la femme étant priée de se laisser « prendre ». En effet le vagin est essentiellement vu dans le coït comme une gaine passive dans laquelle s’affaire le pénis . Par la survalorisation du coît  l’homme se rassure donc sur sa virilité, la pénétration par le pénis étant croit-il le seul moyen pour la femme d’obtenir la jouissance. La virilité est ici la capacité à donner du plaisir en même temps que la capacité de procréer. Le sexe de la femme est vu comme un réceptacle passif au sexe de l’homme seul  réellement actif dans le fait de « donner du plaisir » et de « faire des enfants ».

Si le coït est survalorisé, les « préliminaires » sont donc dévalorisés. Si la jouissance masculine est valorisée, la jouissance féminine est dévalorisée depuis des siècles ; d’où le terme de « préliminaires » désignant ce qui dans la pratique sexuelle est anecdotique et négligeable. Mais anecdotique pour qui ? Certainement pas pour les femmes. Car les baisers, le peau à peau, les caresses y compris sexuelles, sont au contraire les pratiques les plus importantes du plaisir féminin qui souvent ne dissocie pas tendresse et sexualité. Tous ces gestes tendres et érotiques font au contraire partie intégrante de la sexualité humaine , la pénétration n’étant qu’un geste parmis d’autres.

la pornographie

Mais les hommes ont souvent tendance à dissocier tendresse et sexualité pour affirmer un pouvoir viril, y compris entre hommes. Il s’agit de « posséder » le corps de l’autre par la pénétration sexuelle et visuelle. Ainsi les films pornographiques montrent-ils toujours des pénétrations en gros plan. Ils sont faits pour la jouissance masculine et non pour la jouissance féminine. Dans les scénarios des films pornographiques, il n’y a pas de préliminaires ou très peu. On passe très vite à la pénétration. Les femmes sont alors censées jouir tout de suite des qu’elle sont introduites par l’organe masculin entrant par tous les trous. Elles passent de mains en mains comme des objets. Ce statut d’objet passif, objet d’échange entre hommes est quelque chose qu’on retrouve aujourd’hui sur les sites pornographiques en accès libre sur Internet. Ces films sont visionnés par de nombreux adolescents et adolescentes qui prennent cela comme le modèle de la sexualité adulte. Que voit- on ? Des femmes manipulées, tournées, pénétrées dans tous les sens par des hommes et avec brutalité.

Il est étonnant de voir les rubriques de ces sites pornographiques. Par exemple : « petite salope se fait baiser par trois mecs ». Ces titres sont toujours sur le mode passif, autrement dit c’est toujours la femme qui est l’objet de jouissance de l’homme. Le sujet est toujours masculin  et l’objet est toujours féminin.

Lorsqu’on va dans la rubrique partie trois, ou à plusieurs, effectivement on a toujours deux hommes qui manipulent une femme ; jamais l’inverse. La femme « se fait baiser par l’homme » ou par « les hommes » et jamais l’inverse. D’autre part les scènes sexuelles se font toujours avec violence. On assiste donc au rapport sexuel sur le modèle du viol.

Les sites pornographiques correspondent en fait aux fantasmes masculins de domination sexuelle très valorisants pour le pénis. Mais en réalité les femmes jouissent plus par un toucher sur tout le corps que par un plaisir d’organe précis. Et lorsqu’elles ont du plaisir, elles ferment les yeux ;  pas besoin de films ni d’images.

Sans doute s’agit- il aussi d’un phénomène culturel, l’homme se devant toujours de dominer et de ne pas se laisser attendrir. La femme devant se laisser soumettre et émouvoir. Et  sans doute les hommes gagneraient-ils à redécouvrir cette partie de leur sensualité complètement refoulée ; celle des caresses, des baisers, de la tendresse, de la lenteur. Mais lorsqu’il se laissent aller à cette sensualité ils ont l’impression d’être une femme , quelle angoisse !

la femme doit devenir sujet sexuel

Les femmes ne doivent donc plus accepter ce terme de « préliminaires » qui nie la spécificité de leur jouissance pour mieux les asservir. Elles doivent inventer un autre mot pour ces pratiques.. Car la lenteur, la douceur, les baisers, les caresses sur tout le corps sont au contraire pour leur jouissance ce qu’il y a de plus important. Elles doivent revendiquer leur droit au plaisir et imposer aux hommes ce temps sensuel et érotique nécessaire à leur jouissance, c’est-à-dire devenir un sujet sexuel .Elles doivent refuser de croire à leur frigidité qui permet aux hommes de les traiter si facilement en objet puisque de toute façon «  elles ne ressentent rien » .

Dans Ce Sexe qui n’ en Est pas Un, la psychanalyste , philosophe et linguiste Luce Irigaray a été une des premières à dénoncer la violence sexuelle banale des hommes envers les femmes. Cette violence étant inscrite dans la sexualité  « de tous les jours » ou la femme abdique son droit au plaisir en renonçant à la spécificité de sa jouissance .

C’est dans la scène pornographique que se montre au grand jour la femme comme objet sexuel : « Femmes, ne faite plus un effort. On vous a appris que vous étiez propriété privée ou publique : d’un homme ou de tous. D’une famille, d’une tribu, d’un état, éventuellement républicain. Que tel était votre plaisir. Et que sans soumission aux désirs- d’un homme ou de tous- vous ne connaissiez pas de jouissance. Que celle-ci était pour vous , toujours liée à la douleur- mais que telle était votre nature. Lui désobéir revenant à faire votre malheur.

Mais votre nature était curieusement toujours définie par les seuls hommes, vos éternels pédagogues : en sciences sociales, religieuses ou sexuelles. » Ce sexe qui ’en est pas un, éditions de Minuit, 1977, p201.

Comprendre les causes de mon problème ne sert à rien?

« J’ai peur  de prendre l’avion et je suis claustrophobe .

Je veux juste qu’on me guérisse rapidement !  Comprendre les causes de mon problème ne sert à rien; la psychanalyse ne sert à rien.  »

La thérapie comportementale proposera de guérir votre symptôme rapidement : vous pourrez à nouveau prendre l’avion mais votre angoisse elle, ne sera pas supprimée. Elle circulera en vous provoquant des crises d’angoisse où elle ira se fixer sur un autre symptôme : par exemple tout à coup vous aurez peur de prendre le métro.

La thérapie comportementale ne fera que déplacer votre symptôme. Mais si vous comprenez les causes de votre angoisse vous aurez peut-être des chances de les faire disparaître complètement .

La psychanalyse vous propose de remonter dans votre enfance pour voir quel traumatisme enfoui dans l’inconscient peut être à l’origine de votre problème. Par exemple peut-être qu’un jour quand vous aviez quatre ans votre mère vous a oublié et enfermé dans une voiture, vous avez essayé de sortir par tous les moyens, vous vous êtes cru abandonné et vous avez été saisi d’une peur terrible. Mais peut-être avez-vous oublié cet épisode de votre vie ? En effet lorsqu’un on n’est pas capable de gérer un traumatisme le psychisme va tenter de refouler cette représentation c’est-à-dire de mettre de côté ce souvenir très angoissant avec les images et les émotions qui lui sont liées.

Mais ce n’est pas parce que ce souvenir a été mis de côté qu’il ne continue pas agir en vous y compris jusqu’à l’âge adulte, vous empêchant de prendre l’avion pour aller à un rendez-vous d’affaires.

Par la psychanalyse vous pourrez prendre conscience des causes. Cette prise de conscience permet de prendre du recul par rapport à votre angoisse qui va s’amenuiser. Et il n’est pas exclu que votre angoisse et vos phobies disparaissent complètement. Mais ce travail prend du temps car il faut respecter les défenses du psychisme : comme ce souvenir est très angoissant vous n’aurez pas envie d’aller voir trop vite ce qui s’est passé dans votre enfance. C’est seulement petit à petit et grâce à l’aide du psychanalyste que vous accepterez ce que vous dit votre inconscient. Contrairement aux thérapies comportementales la psychanalyse n’est pas spectaculaire mais elle permet de régler des problèmes en profondeur.

Mais tout est bon à prendre quand il s’agit d’aller mieux : thérapie comportementale et psychanalyse sont complémentaires. Le reste n’est que querelles de clocher.